auteure , dessinatrice, compositrice de mélodies de papier
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" Dans la relation à la page il y a pour le lecteur une transformation de toute sa relation au langage à tout moment et particulièrement dans cette page, ce livre ( puisqu'on vit en langage, on vit en mots ). Les ronds dans l'eau de la charpente acoustique sont des ronds à partir du choc d'impact des mots dans la conscience. " le Chantier littéraire _ Monique Wittig
Tout est dessin, défilé ( C'est l'hiver. Peut-être. ), mémoire de formes, absence de sonorités adéquates pour dire le sens : un mot.
L'action manifeste se décompose, en écho à l'aventure intérieure, aphone ( Fugitif ). Histoire d'une relation, relation à l'image sans les mots mais avec les mots, leurs traits, lignes sécantes d'une surface hors cadre ( les Fauves ). Dessin-défilé, dessin mouvement et rencontre, générateur de matière ( Vortex ). Latence d'un dessin qui ne parle pas mais sonde, s’appesantit dans les interstices - l'intrication des songes - jaillit en silence, contemple comme ses traits l'interrogent ( Incidence ). Explorer le temps de l'image, le déroulé physique du temps, inscrit dans les ombres mouvantes, la succession des pleins par les vides ( Mobile immobile ). L'image évolution, et involution ; paysage à l'origine où les mots étaient encore des sons sans contours mais signifiants, des ébauches d'intention, sans gangue plastique ( le Grand paysage ). Les images se succèdent par métamorphose des formes ( Voyage ). Sans la parole l'histoire est au mouvement ce que la syntaxe est au propos, à l'intersection de la langue et du sens, essentiellement nue. À travers, dans, par, après, entre, à côté, le mot sans le mot cherche sa graphie, intercepte, se grime, se fait miroir, empreinte de bruits, surface. Le papier intercède en faveur de l'image créant l'espace pour d'autres mots, ceux du lecteur ( Agrément ).
Quand la parole soudain surgit, le regardeur s'en accommode, s'y accroche puis s'en affranchit.
On comprend cette chose, et au-delà ; les traits et les mots.
Pourtant, très vite, les images prennent leur indépendance, elles se font la malle. Entre elles elles se conjuguent, créent des conglomérats, deviennent objets sonores, rythmique ( Nous ). Les mots obsolètes énumèrent, s'essoufflent à trop vouloir en dire ; ils vocifèrent quand l'image suggère. Elles elles se font magiciennes, détentrices du pouvoir de l'évocation, signes, énigmes ; elles sont l'interprétation. En-dessous, à côté, à travers, elles sont partout, à la fois habitat et extériorité, refuge et terrain vague, libres et carcérales ( Habiter ). S'échapper du cadre, oui, mais la page. Un grain de poussière est un monde, une révélation au sein de laquelle entrent en réverbération l'infiniment grand et l'infiniment petit. C'est aussi un prétexte à la parole, à l'histoire qui ronge le corps qui brûle - l'existence. Nous redessinons nos intérieurs, nous nous faisons autre, à la fois nature et béton armé, structure fractale ( In - les minuscules ), témoin d'un réel que l'on pénètre pour mieux s'en déposséder, pour qu'il vibre de sa vie propre avec amplitude ( Mater ).
L'éclat du blanc abandonné à lui-même après la parole est une jouissance.