" Habiter " est un projet que j'ai créé en résonance avec le contexte actuel lié à la pandémie qui nous incite à interroger ce qui fait habitat. Au-delà de l'urgence à exprimer ce qui scelle une idée d'actualité il me semble que la thématique " habiter " est sous-jacente à la plupart de mes travaux. À travers cette notion j'explore les manières dont s'articulent réalité et fiction, données brutes et narration, comment la représentation nous habitant se rend aussi réelle que celle se présentant à l'œil qui s'ouvre. Qu'est-ce que ce besoin de reproduire sous un certain point de vue, de créer des liens, de donner consistance aux mots si ce n'est " Habiter " qui aurait presque la signification " d'être né à " : rendre compte du tumulte, du cataclysme qu'engendre cette naissance au monde qui, à mesure que le temps passe, se fait conscience d'exister. Car, en filigrane de l'espace que donne à penser le verbe habiter il se cache l'idée d'une temporalité, d'un temps qui coule dans ce corps, d'un passé qui prend forme en futur - l'histoire - projection, Chronos qui est aussi expansion. Comment retranscrire le positionnement de cette question : qui suis-je répondant en miroir à où suis-je, à quand suis-je. Alice se perd dans le dédale de son imagination ; la figure du lapin est absente, mais c'est un peu cette chute dans le terrier que je vous propose d'expérimenter à rebours de l'impression première que nous expérimentons chaque jour au lever du lit quand nous nous préparons machinalement à habiter un espace clos par nos habitudes et nos intérêts, une sorte de saut en trampoline qui briserait les différents plafonds enfermant les différents niveaux de lecture, un lieu où les faire interagir tous. L'étendue de cette recherche ne me permet pas d'en exposer ici la totalité, voici des extraits des séquences composant le récit.